jeudi 26 mai 2016

Le terroriste médiatique

Abeldhamid Abaaoud, a été tué lors de l'assaut de la police, mercredi 18 novembre, à Saint-Denis. Cette figure médiatique de l'EI, qui a participé aux attentats du 13 novembre, avait été impliqué dans plusieurs projets terroristes. Il s’attendait à "ce que ça se termine mal". Omar Abaaoud, le père d’Abdelhamid, l’un des terroristes à la manœuvre lors des attentats du 13 novembre à Paris, n’a plus de colère à l’égard de son fils. "Il ne lui trouve ni ne lui cherche aucune excuse", a révélé l’avocate du vieil homme à la presse. Il aurait simplement souhaité qu’on le capture vivant, "pour comprendre". Mais Abdelhamid Abaaoud a été tué lors de l’assaut policier le 18 novembre, à Saint-Denis. La dérive de ce jeune belge restera donc à jamais un mystère pour son père, reparti vivre dans son Maroc natal. Le vieil homme a sombré dans une "profonde dépression", depuis qu’il a appris que son fils était membre actif et médiatique de l’organisation de l’État islamique (EI). Aussi appelé "Abou Omar al-Baljiki" ou "le Belge", Abdelhamid a été impliqué dans plusieurs attentats ou projets d'attentats en Europe. Le jeune homme a pourtant eu "une belle vie, même une vie fantastique", confiait Omar Abaaoud en janvier dernier, dans une interview accordée à "Het Laatste Nieuws" alors qu’il venait d’apprendre que son fils avait mis en place la cellule terroriste démantelée à Verviers, en Belgique, le 15 janvier 2015, soit moins d'une semaine après les attaques à "Charlie Hebdo" et à l’hypercacher de Vincennes. Né il y a 28 ans à Molenbeek - commune de l’agglomération de Bruxelles connue pour être un vivier de terroristes islamistes –, Abdelhamid Abaaoud n’était pas, selon son père, "un enfant difficile". Il a même obtenu à 12 ans une bourse d’étude dans un collège catholique réputé et a ensuite travaillé avec son père dans son magasin de vêtements. "C’était devenu un bon commerçant", constatait Omar. Les anciens voisins de la famille, interrogés par la presse belge, sont moins élogieux et ils se souviennent plutôt d’un petit délinquant. "C'était un petit con", confie l’un d’eux, qui l’accuse d’avoir harcelé ses professeurs et volé des portefeuilles. Selon la presse belge, Abdelhamid Abaaoud a été incarcéré en 2010 pour vol et c’est en prison qu’il a alors rencontré Salah Abdeslam, également originaire de Molenbeek et actuellement recherché pour son implication dans les attentats du 13 novembre. "Jeune, il n'allait jamais à la mosquée", raconte de son côté sa sœur Yasmina au "New York Times". Mais il s’est radicalisé brutalement, auprès d’imams fondamentalistes de Molenbeek, tentant à son tour de convertir des jeunes du quartier au jihadisme, dont son jeune frère Younès. En 2013, il disparaît du jour au lendemain et on retrouve sa trace en Syrie plusieurs mois plus tard. Il est parti avec Younès, qui, à 13 ans seulement, est rapidement surnommé "le plus jeune jihadiste du monde". Un enlèvement qui lui vaut d’être renié par son père qui n’a d’ailleurs pas fait de démarches pour récupérer le corps de son aîné. Les faits d’armes qui ont rendu célèbre Abdelhamid ont de quoi détourner tout père, même le plus aimant. "Très actif sur les réseaux sociaux en 2014", selon Wassim Nasr, journaliste de France 24 spécialiste des mouvements jihadistes, Abdelhamid a commencé à se faire connaître en se présentant sur Facebook comme le "touriste terroriste". Puis il s’est rapidement distingué par son sens de la propagande macabre. Dans une vidéo récupérée sur son portable par un journaliste de la RTBF et diffusée début 2014, on le voit "tractant des corps" ensanglantés pour les emmener dans une fosse commune à Azaz, en Syrie. "Avant on tractait des grosses remorques remplies de bagages et de cadeaux pour aller en vacances au Maroc. Maintenant, sur le chemin d’Allah, on tracte les kouffar [les mécréants], ceux qui nous combattent, ceux qui combattent l’islam", commente-t-il, face à la caméra de son téléphone, tout sourire. Courant 2014, il disparaît des radars. Selon un rapport du département de la sécurité nationale américaine, ses parents reçoivent un appel leur annonçant qu’il a été tué au combat en Syrie. Mais ce n’est qu’une stratégie – payante - pour passer entre les mailles du filet de la surveillance européenne. Les services de sécurité pensent qu’il est revenu brièvement en Europe dès la fin 2013, puis une nouvelle fois avant l’attaque contre la rédaction du magazine français "Charlie Hebdo" en janvier 2015. Dans une interview accordée au magazine jihadiste Dabiq en février, soit après avoir échappé à la police belge à Verviers, Abaaoud confirmait être revenu en Europe, dont il nargue les failles sécuritaires. "J’ai vu tout à coup ma photo dans tous les médias mais, alhamdoulillah (grâce soit rendue à Dieu), les kouffar étaient rendus aveugles par Allah", y disait-il. "J’ai même été arrêté par un policier qui a regardé la photo qu’il avait de moi, mais il n’a pas vu la ressemblance et m’a laissé repartir". En Belgique, "nous avons pu nous procurer des armes et une planque sûre pour préparer nos opérations contre les croisés".

Quand Trump veut ficher les musulmans

Le milliardaire américain Donald Trump, en tête des sondages des primaires républicaines pour la Maison-Blanche, a proposé de ficher les musulmans présents aux États-Unis, des propos condamnés par Hillary Clinton et plusieurs rivaux républicains. «Il faut qu'ils le soient, il le faut», a-t-il répondu jeudi à un journaliste de NBC qui lui demandait s'il était favorable à ce que les musulmans soient obligés de s'enregistrer, confirmant des propos tenus à Yahoo News. «Il faut beaucoup de systèmes, au-delà des bases de données», a estimé Donald Trump. «Je mettrais cela en place, absolument». Interrogé sur la façon spécifique dont les musulmans devraient se faire enregistrer, il a répondu: «Dans différents endroits. On s'inscrit dans différents endroits. Mais c'est une question de gestion, notre pays n'a pas de gestion». Restant flou comme à son habitude dans ses réponses, il a ensuite dit: «la clé est que les gens peuvent venir dans le pays, mais ils doivent venir légalement». Relancé par le journaliste qui lui demandait de comparer sa proposition avec l'enregistrement des Juifs en Allemagne nazie, l'homme d'affaires a éludé en répétant: «À vous de me le dire». «C'est une rhétorique choquante», a réagi vendredi la favorite de l'investiture démocrate Hillary Clinton sur Twitter. «Tous ceux qui cherchent à diriger ce pays doivent le dénoncer».