jeudi 1 septembre 2016

Céder à la mondanité

Beaucoup de jeunes gens, en se mariant, cèdent aux inspirations de l'esprit mondain. Leurs parents leur avaient donné l'exemple d'une vie modeste; mais la nouvelle génération croit affirmer ses droits à l'existence et à la liberté en répudiant un genre de vie à ses yeux trop patriarcal. Elle s'efforce donc de s'installer à la dernière mode, à grands frais et se défait à vil prix d'objets utiles. Au lieu de remplir sa maison de choses qui nous disent: Souviens-toi! on les garnit de meubles tout neufs auxquels aucune pensée encore ne se rattache. Je me trompe, ces objets sont souvent comme les symboles de la vie facile et superficielle. On respire au milieu d'eux je ne sais quelle vapeur capiteuse de mondanité. Ils rappellent la vie du dehors, le grand train, le tourbillon. Et fût-on disposé à les oublier parfois, ils y ramènent la pensée et nous disent en un autre sens: Souviens-toi! n'oublie pas l'heure du club, des spectacles, des courses. L'intérieur s'organise donc de telle sorte qu'il devient le pied-à-terre où l'on vient se reposer un peu entre deux absences prolongées. Il ne fait pas bon y rester longtemps. Comme il n'a pas d'âme il ne parle pas à l'âme. Le temps de dormir, de manger, et vite il faut en sortir. On y deviendrait somnolent, casanier. Chacun connaît des gens qui ont la rage de sortir, qui croiraient que le monde va s'arrêter s'ils ne figuraient pas partout. Rester chez eux est leur pire corvée, ils ne peuvent pas s'y voir en peinture. L'horreur de la vie d'intérieur les tient au point, qu'ils préfèrent payer pour s'ennuyer dehors, que de s'amuser chez eux gratuitement.