L’absence de justice, de réparations et d’obligation de rendre des comptes pour les auteurs présumés de crimes a continué à encourager fortement les atteintes aux droits humains dans des contextes et des pays extrêmement divers. En République centrafricaine, des progrès ont été accomplis quant à la mise en place de la Cour pénale spéciale (CPS), chargée d’enquêter sur les graves atteintes aux droits humains et les crimes de droit international commis depuis 2003 et d'en juger les responsables présumés. Bien que le procureur spécial ait pris ses fonctions en mai, la CPS n’était pas encore opérationnelle et l’impunité demeurait généralisée. Au Soudan du Sud, l’accord de paix de 2015 prévoyait la création de trois organes relevant de la justice de transition, mais ces dispositions n’avaient pas encore été appliquées. En juillet, la Commission de l’Union africaine (UA) et l’État sud-soudanais se sont accordés sur une feuille de route relative à la création du tribunal hybride. Les pourparlers concernant les instruments nécessaires à cette création se sont poursuivis mais aucune mesure n’a été adoptée officiellement. Au Nigeria, une commission d’enquête spéciale établie par l’armée pour mener des investigations sur les allégations de violations manifestes des droits humains, et dont l’indépendance et l’impartialité étaient mises en doute, a blanchi des officiers supérieurs accusés de crimes de droit international. Son rapport n’a pas été rendu public. En août, le président par intérim a mis en place une commission d’enquête présidentielle qu’il a chargée de faire la lumière sur les violations des droits humains dont des militaires se seraient rendus coupables. La commission a mené des auditions entre septembre et novembre, mais aucun résultat n’avait été communiqué à la fin de l’année. Pendant ce temps, les autorités nigérianes ont orchestré en secret des procès collectifs de membres présumés de Boko Haram ; 50 personnes ont été condamnées à diverses peines d’emprisonnement à l’issue d’un procès qui a duré quatre jours. En RDC, l’homicide de deux experts des Nations unies et la disparition de leur interprète congolais et de trois de leurs chauffeurs dans la province du Kasaï-Central, en mars, ont mis en évidence combien il était urgent de faire cesser les violences dans la région. L’enquête diligentée par les autorités congolaises s’est avérée manquer de transparence et de crédibilité. En juin, le Conseil des droits de l’homme de l'ONU a décidé de dépêcher une équipe d’experts internationaux en RDC afin qu’ils apportent leur concours aux investigations. En juillet, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a nommé une équipe de trois experts, dont les conclusions étaient attendues pour juin 2018. En Éthiopie, la police et l’armée continuaient de bénéficier de l’impunité pour les violations des droits humains perpétrées en 2015 et 2016. Le gouvernement a rejeté les appels réclamant des enquêtes indépendantes et impartiales sur les violations des droits humains en lien avec les manifestations ayant eu lieu dans plusieurs régions. Les Chambres africaines extraordinaires siégeant au Sénégal ont confirmé la déclaration de culpabilité et la peine de réclusion à perpétuité prononcées à l’encontre de l’ancien président tchadien Hissène Habré pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture.