mardi 9 juin 2015

Qui est Mr 5%

Comment imaginer qu’un président puisse se maintenir sans dommage pour la fonction, avec près de 95% des électeurs… contre lui ! On a beau dire que les idées mènent le monde, revenir aux chiffres n’est pas sans intérêt pour mesurer leur impact dans l’opinion. C’est pourquoi j'ai choisi cette semaine de ne pas me payer de mots sur la situation critique que traverse le pouvoir : seuls 5,69 % des électeurs inscrits se sont reconnus, dimanche, dans la liste soutenant l’action du président de la République ! C’est ce qui s’appelle un plébiscite à l’envers. Certes, l’UMP n’est guère flambarde et commence à comprendre que les municipales n’auront été qu’une éclaircie dans le ciel plombé de ses divisions, avec l’arrivée du cyclone Bygmalion… Mais comme c’est la gauche qui, jusqu’à nouvel ordre, occupe l’Élysée et domine le Parlement, comme c’est elle qui définit la politique de la France et comme c’est François Hollande qui l’incarne aux yeux du monde, on ne peut que s’inquiéter pour son autorité — inséparable, malheureusement, de celle de la France… Si 94,31 % des Français en âge de voter ne soutiennent plus ce président ni a fortiori son parti, c’est que lui-même, hélas, n’incarne plus la fonction. À l’élection présidentielle de 1965, le général de Gaulle, qui savait ce que le mot légitimité veut dire, avait songé à démissionner parce qu’il n’avait pas été désigné dès le premier tour… L’élection, certes, n’était pas la même. Mais l’idée qu’on se fait de la légitimité ne varie pas avec les types de scrutin. Encore moins avec les époques. Elle a d’abord à voir avec l’honneur.