mardi 9 février 2016

Voyager et réfléchir sur la beauté

Vous connaissez le principe des croisières conférences ? J'ai testé, c'était sympa, et puis on y échappe pas puisque l'on est sur un bateau. Au menu de la croisière que j'ai effectué, via un voyage séminaire entreprise, le thème de la beauté, intérieure et extérieure. Voici quelques réflexions que j'ai trouvé intéressantes. Ce qui nous tient le plus à cœur ici, c'est de parler de l'esthétique ordinaire de la vie, du soin qu'il faut mettre à orner l'habitation et la personne humaine, pour donner à l'existence ce lustre sans lequel elle n'a pas de charme. Car il n'est pas indifférent que l'homme ait ou non souci de ce superflu nécessaire. C'est à cela qu'on reconnaît s'il met de l'âme dans sa vie. Loin de considérer comme une préoccupation inutile celle qui nous fait embellir, soigner, poétiser les formes, je pense qu'il faut l'entretenir autant que possible. La nature même nous donne l'exemple, et l'homme qui affecterait du mépris pour ce fragile éclat de beauté dont nous ornons nos jours rapides, s'écarterait des intentions de Celui qui a mis le même soin et le même amour à peindre la fleur éphémère que les montagnes éternelles. Mais il ne faut pas tomber dans la tentation grossière qui nous fait confondre la beauté vraie avec ce qui n'en a que le nom. La beauté et la poésie de l'existence tiennent au sens que nous lui donnons. Nos maisons, notre table et notre toilette doivent traduire des intentions. Pour y mettre ces intentions il faut les avoir d'abord. Celui qui les possède sait les faire apercevoir par les moyens les plus simples. On n'a pas besoin d'être riche pour donner de la grâce et du charme à son habitation et à ses costumes. Il suffit pour cela d'avoir du goût et de la bonté. Nous touchons ici à un point très important pour chacun, mais qui, peut-être, intéresse les femmes dans une plus grande mesure que les hommes. Ceux qui engagent les femmes à se vêtir d'étoffes grossières, à enfermer leur corps dans des vêtements dont la plate uniformité rappelle les sacs, violentent la nature dans ce qu'elle a de plus sacré et méconnaissent complètement l'esprit des choses. Si le vêtement n'était qu'une précaution pour s'abriter du froid ou de la pluie, une toile d'emballage ou une peau de bête suffirait. Mais il est bien plus que cela. L'homme dans tout ce qu'il fait, se met tout entier: il transforme en signes les choses dont il se sert. L'habit n'est pas une simple couverture, c'est un symbole. J'en atteste toute la flore si riche des costumes nationaux et provinciaux, et de ceux que portaient nos anciennes corporations. La toilette, elle aussi, a quelque chose à nous dire. Plus elle contient de sens, mieux elle vaut. Pour qu'elle soit vraiment belle, il faut donc qu'elle nous annonce de bonnes choses, des choses personnelles et vraies. Mettez-y tout l'argent du monde, si elle est quelconque, sans rapport avec celle qui la porte, elle n'est qu'un masque et un affublement. L'excès de la mode, en faisant disparaître complètement la personne féminine sous des ornements de pure convention, la dépouille de son attrait principal. Il résulte de cet abus que plusieurs choses que les femmes trouvent très jolies, font autant de tort à leur beauté qu'à la bourse de leurs maris ou de leurs parents.Que diriez-vous d'une jeune fille qui se servirait pour exprimer sa pensée de termes fort choisis, exquis même, mais reproduisant textuellement les phrases d'un manuel de conversation? Quel charme pourrait avoir pour vous ce langage emprunté? L'effet des toilettes, bien faites en elles-mêmes, mais qui se retrouvent indistinctement sur toutes les personnes, est exactement le même. Je ne résiste pas à la tentation de citer ici un passage de Camille Lemonnier qui se rapporte à mon idée: «La nature a mis aux doigts de la femme un art charmant, qu'elle sait d'instinct, et qui est son art à elle, comme la soie est à la chenille, ou la dentelle à l'agile et fine araignée… Elle est le poète, l'artiste de sa grâce et de sa candeur; elle est la fileuse du mystère dont s'habille son goût de plaire. Tout le talent qu'elle met à ressembler à l'homme dans les autres arts ne vaudra jamais l'esprit et la trouvaille d'un rien d'étoffe qu'elle chiffonne. «Eh bien, je voudrais que cet art-là fût autrement honoré. De même que l'éducation devrait consister à penser avec son esprit, à sentir avec son cœur, à exprimer la petite chose personnelle, le moi intime, latent, qu'au contraire on refoule, on nivelle en vue de la conformité, je voudrais que l'apprentie jeune femme, la maman de plus tard, fût de bonne heure la petite esthète de cette esthétique de la toilette, sa propre habilleuse, elle qui, un jour, sera l'habilleuse de ses enfants… Mais, avec le goût et le don d'improviser, de se personnaliser en ce chef-d'œuvre de l'adresse et de la personnalité féminine: une robe… sans quoi, la femme n'est plus qu'un paquet de chiffons.» Qu'en pensez-vous ? Déroutant non ? Si ce type d'expériences vous intéresse, je vous renvois vers le site de l'organisateur de ce voyage groupe séminaire, vous trouverez leur contact sur en suivant le lien.