lundi 12 janvier 2015

En mode conduite


L'Etat-providence contre l'Etat-piège

Si j'apprécie généralement d'assister à des séminaires, il m'arrive cependant à certaines occasions d'y grincer des dents, notamment lorsqu'il est question d'économie. Le dernier auquel j'ai assisté m'a ainsi offert la « chance » d'écouter un politicien divaguer sur la question de la crise, et notamment sur les réponses qu'il était possible d'y apporter. Contrairement à ce que certains politiciens imaginent, la croissance et la richesse ne sont pas occasionnées par leurs faits et gestes. Les autorités, malgré leur puissance, sont inaptes à mouvoir une entité aussi grande que l'économie, constituée de millions d'acteurs (individus et entreprises). Non, la croissance et la prospérité fleurissent grâce à la prise de responsabilité particulière de chaque habitant. En temps de crise, la solution ne consiste donc pas à centraliser le pouvoir et à décider de manière étatique des prix, de la répartition, surtout par des énarques n'ayant qu'une connaissance très approximative du libre marché. Non, la solution consiste au contraire à fournir plus d'opportunités et de liberté aux acteurs du libre marché, en prenant conscience qu'une aussi grande entité s'auto-régule naturellement, et peut s'auto-guérir... si on lui en laisse l'occasion, c'est-à-dire si on ne fausse pas son fonctionnement en l'entravant de toutes parts. L'accroissement de la richesse doit toujours rester une priorité absolue. Non par cupidité, mais par pragmatisme. Si l'économie se fructifie, davantage de personnes pourront trouver un emploi, le déficit budgétaire se minimisera de lui-même, tout le monde en retirera des bénéfices et contribuera avec plus de facilité à la richesse globale. La richesse naît, elle n'est pas édifiée. Le mot "édifié" transmet l'illusion que la richesse et l'emploi peuvent être développés par le biais d' un processus fixe. Qu'on se contente de pousser sur certains commutateurs pour que jaillissent de la richesse et de l'emploi. Et que les gouvernements sont en sus plus efficaces que n'importe qui d'autre pour pousser sur ces boutons, et sont ainsi capables d'élaborer un maximum de richesse et d'emploi. L'idée est spécieuse, retorse même, car elle va à l'encontre du processus naturel. La richesse fleurit quand les citoyens et les entreprises ont l'opportunité de démontrer leur imagination, ont la faculté d'entreprendre et sont incités à la réussite. La richesse et l'emploi surviennent quand les citoyens et les entreprises peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes. La prospérité et le travail sont donc la conséquence de l'incitation des citoyens et des entrepreneurs à convoiter leur intérêt propre, pour alimenter au final l'intérêt commun. Le gouvernement, lorsqu'il prétend agir pour le bien commun et s'immisce dans la question économique, est donc semblable à un chirurgien qui porterait des moufles pour une opération à coeur ouvert, et ce sur un patient qui n'a pourtant pas besoin d'opération ! Mieux même, un patient qui guérirait plus facilement si l'on laissait faire la nature ! Je crois n'avoir jamais entendu autant de dents grincer dans une salle que lors de ce séminaire, pendant ce discours complètement dépassé qui considère encore l'Etat comme un Etat-providence. Si cela vous intéresse, allez sur le site de l’Agence Incentive qui est l’organisatrice de ces conférences, vous y trouverez toutes les prochaines dates.

Un peu de connerie

Au début, j'ai cru à un gag. Comme mon blog est classé dans les sites écolos, je reçois souvent des annonces concernant de la propagande écolo, des courriers personnels pour me vanter tel ou tel projet, les chroniques impénétrables de Simon Coquillette. Là, je peux vous assurer, cher lecteur, très chère lectrice, qu'il s'agit du projet le plus con de la planète. il s'intitule Ici la Terre et à pour but de fixer dans une falaise un bras en bronze avec un bouquet de fleur au bout. Déjà, en soi, l'idée n'arrive pas toute seule et il faut l'esprit de subversion d'un enfant de trois ans pour s'imaginer faire un truc nouveau ou gentiment transgressif ou même doucement subversif, façon love bombing ou kiss kiss parade. C'est juste une idée con. Une de plus. Ils disent : "Ce geste est d’une simplicité remarquable et se laisse exprimer en une phrase : Tendre un bouquet de fleurs à l’immensité de la nature, du ciel, du cosmos dans un geste simple, sincère, amoureux." Là où le projet atteint des sommets, si l'on peut dire, c'est dans sa présentation. Passons sur les fautes de français. Mais on peut s'attarder sur la video très soignée de jeunes escaladant des montagnes, sur la musique planante légèrement angoissante, sur les moyens internet pour collecter des fonds et sur l'argumentaire pour faire cracher au bassinet. Tendre un bouquet de fleur, ce n'est pas rien pour ces doux ahuris : c'est "un geste périlleux, où l’on expérimente la hauteur, le vertige, l’ouverture, la grandeur céleste, un geste qui fait tenir tout les éléments en un seul lieu. Un geste presque inframince dont la réalisation demande de la préparation, de l’élaboration, de la coordination de toute une équipe." "Presque inframinces", en effet, sont les arguments de ces rhétoriqueurs de cour de récréation. Au lecteur d'apprécier la hauteur de plafond du rédacteur de ce machin avant d'aller tâter de la "grandeur céleste". On peut craindre la déception si, après avoir coulé un bronze, cette équipe de branquignols arrivent à le fixer sans se tordre de rire. Pour 25 euros, vous aurez droit à des photos de jeunes hommes avec des fleurs sur le menton à la place de poils de barbes, et au portrait d'un des jeunes les parties à l'air. Tout de suite, ça fait envie... Pour 700 euros, vous aurez le moulage du bras en résine. Pas le vôtre mais celui du jeune en photos. La suite du site ne dit pas ce que vous pourrez faire avec. Il ne manque qu'une chose, pourtant implicite dans le fait que j'ai pu recevoir cette ânerie : l'évocation de l'écologie. Les fleufleurs, le brabras, la grandeur céleste et toutes les cucuteries d'usage font immédiatement penser à une sorte de dérive sectaire très très locale, comme un délire à deux que l'on transforme imprudemment en site internet et en projet planétaire. Donc si vous voulez bien rire après avoir relu Muray, vous pouvez allez voir ce site. Si vous êtes perméable à la connerie new age ambiante, passez votre chemin : c'est contagieux.

Changer de logiciel économique

À Astaffort, dans le Lot-et-Garonne, Julien Leclercq dirige depuis quatre ans l'agence Com'Presse, spécialisée dans la production de contenus éditoriaux. Il a pris la suite de sa mère qui avait fondé en 1999 cette entreprise, qui compte aujourd'hui 40 salariés pour un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros. Julien Leclercq, membre du mouvement patronal Les Déplumés, se définit ironiquement comme un "salaud de patron" : sur son site et dans un livre du même nom, il raconte ses vicissitudes de chef d'entreprise. Il confie au Point.fr ses impressions sur les dernières déclarations économiques de François Hollande sur France Inter. Instructif et décapant. "Beaucoup de problèmes relèvent de choix européens", selon le président de la République. Une déclaration qui a "consterné" Julien Leclercq. "Ces grands partis qui défendent l'Europe uniquement tous les six ans ne cessent de l'accuser de tous les maux entre deux échéances électorales. Comment peuvent-ils s'étonner après cela que le FN arrive en tête aux européennes ?". "François Hollande nous dit : Le pacte de responsabilité va s'appliquer dans sa majorité au 1er janvier. Il a certainement oublié que nous étions déjà le 5... Plus sérieusement, il admet ici que jusque-là le pacte de responsabilité n'existait pas. Donc, tous les grands discours sur les patrons ne jouent pas le jeu, alors qu'on a mis en place le pacte de responsabilité n'ont aucun sens." "Le président nous dit que les emplois aidés ne sont pas une solution. Je ne suis pas d'accord. Subventionner fortement un emploi dans une TPE privée aurait du sens. Les chefs d'entreprise, notamment de TPE et de PME - qui ont créé 80 % de l'emploi salarié ces vingt dernières années -, ont vocation à pérenniser les emplois une fois l'aide arrêtée, car le dirigeant se sera battu pour développer son entreprise. Subventionner à 75 % un emploi dans une collectivité locale, ça, en effet, ce n'est pas une solution. Un emploi aidé dans une collectivité est amené à s'éteindre. C'est pourtant le chemin privilégié par le gouvernement." "Personne n'a pensé à demander à notre président pourquoi le contrat de génération ne fonctionnait pas. Là, il y a un vrai sujet, concret, précis, et qui ne tombe pas dans l'anti-hollandisme primaire. Le contrat génération était une promesse de campagne. Le mécanisme est le suivant : si un employeur embauche un jeune et s'engage à garder un senior, désigné tuteur, le salaire du senior en question est exonéré de charges. Dans la mesure où un senior gagne mieux sa vie qu'un jeune, on pouvait estimer que l'exonération de charges allait financer quasi à elle seule l'embauche du jeune. Un exemple : un senior qui gagne 3 000 euros net coûte 2 500 euros en charges sociales. 2 500 euros d'exonération, ça finance un net à 1 500 euros. Voilà. Le risque était minime : le jeune allait consommer, entrer dans le monde du travail. Malheureusement, au lieu de ça, le gouvernement a laissé tomber l'exonération de charges et a mis en place une prime trimestrielle de 1 000 euros. J'ai hésité à embaucher un jeune quand le dispositif a été voté. Salaire : 1 800 brut, coût global : 2 700 euros par mois environ, 32 400 euros par an. On me propose de me donner 4 000 euros. Cela est-il vraiment décisif pour m'inciter à franchir le pas... ? Voilà pourquoi le contrat de génération ne marche pas... Que le gouvernement applique sa promesse de campagne !" "François Hollande a parlé de simplicité. Il a promis de s'y tenir. C'est un point central. L'ensemble des mesures pour relancer l'emploi sont trop compliquées pour être comprises, appliquées, envisagées dans les TPE et PME. Or, encore une fois, ces petites boîtes représentent 99,9 % du tissu économique français, et ont créé 80 % des emplois ces 20 dernières années. Ce sont elles qui ont la clé. Aujourd'hui, il est prévu de baisser les charges par palier, mais cela est très compliqué à calculer pour nous, et en plus cela est indexé sur le smic - c'est idiot, car les salaires vont baisser. Une mesure simple serait par exemple un emploi exonéré de charges par tranche de 10 salariés." "Le CDI représente 5 % des embauches par an, il y a bien une raison... Pourtant les contrats précaires coûtent plus cher. Alors, pourquoi ? Parce que les entreprises n'ont plus la visibilité suffisante pour créer un CDI tel qu'il est aujourd'hui. Il est temps d'adapter la fin de ce contrat de travail au monde dans lequel on essaie de survivre." "François Hollande n'a pas répondu à quelques questions, notamment sur le pourquoi d'une croissance plus faible en France qu'ailleurs. J'ai beaucoup ri au désormais fameux La loi Macron n'est pas la loi du siècle. Son explication est passée plus inaperçue, elle est pourtant géniale : On ne fait pas une loi qui d'un seul coup change la réalité. Dommage, il y en a qui pourraient. Et son urgence à lui est là. Rien sur le contrat unique..., dommage. Et à quand une vraie simplification du Code du travail ?"